Texte de Lola

Ce document fut offert à la rédaction après avoir été retrouvé écrit dans une serviette de café froissée. L’humidité de certaines zones a rendu illisible certains mots, marqués ainsi : (…). Nous sommes désolé·es pour le dérangement. 

Depuis le début des vacances, il y a quelque chose qui cloche… J’ai l’impression que (…) ne va pas, bien que je n’ai pas envie de me plaindre, en réalité, je n’ai pas envie d’en parler, parce que je me sens ridicule en le faisant, je me dis que je m’embête pour peu de chose.  

Mais je n’arrive plus à tenir (…) sûrement je devrais, mais là il me faut évacuer toute cette angoisse.  

Cette angoisse (…)! 

Je ne sais pas d’où elle provient, d’où est-ce qu’elle prend source ? J’ai quelques hypothèses, aucune ne réussit à me soulager. Peut-être mon irresponsabilité, main dans la main avec mon aversion à décevoir, (…) étant pas à la hauteur. Dans l’espoir de pouvoir dépasser la médiocrité un jour, j’essaye de reprendre la première, mais j’y arrive (…). En fait, je n’y arrive pas du tout. Désirs d’escapade, joie de vivre l’instant même : je suis consciente de la douleur à laquelle je soumets mon moi d’après. (…) je suis lasse, je suis profondément désobligeante. Et tout cela m’angoisse, et déteint sur les prunelles de mes yeux, je vois tout avec une lumière plus terne, moins vive, derrière chaque homme je vois son ombre, parfois je la vois même devant.  

Je garde dans mon intérieur un doute (…), surtout pour les personnes que j’aime, me voici blessée par leurs apparitions dans mon esprit. Cela va sans dire que, dans l’espoir d’avoir un cerveau pas encore (…), toutes ces ombres figures imaginées ont une racine réelle : mais sont-elles aussi importantes que je les conçois ? Par-dessus tout, pourquoi m’affectent-elles tant ?  

Tu m’as dit un vague commentaire sur ma (…), chose que, tu ne fais pas avec mauvaise attention, sûrement juste une légère perturbation face à (…) inopportuns. Ne fais-je pas pareil quand je te demande de te raser ? Si, totalement. Je sais ne pas le faire méchamment, juste inconsciemment, comme quand je tue une araignée qui approche. Et pourtant…  

J’en devins complètement obsédée. Je ne pensais qu’à ça. Tout le temps. Je n’arrivais plus à me voir dans le miroir. Je me sentais inférieure à la « moi-même d’habitude ». J’étais profondément humiliée. J’ai craqué en un jour et demi. J’en pouvais plus : il me fallait du contrôle, il me fallait d’être belle, maquillée, habillée, (…). 

Il me fallait que tu me dises : « tu es belle ». Tu me l’avais sûrement dit pendant ce jour et demi de battement, mais je ne t’entendais pas, je ne te croyais pas. En somme, quand t’es arrivé, j’ai essayé de te le dire, de te dire que ça n’allait pas, qu’on ne mangeait pas aux heures des repas, qu’on sortait pas quand il faisait soleil, que je ne suivais pas mon programme, que je n’étais plus belle.   

Mais pourquoi est-ce que tout cela m’angoisse autant ? Pourquoi ce sentiment si envahissant, une perte absolue du volant ? Pourquoi constamment, à tout instant, au profil de chaque seconde au passer de chaque minute… (…) que ça disparaît, ce n’est que pour revenir, démultiplié. Je me sens (…), et ce qui me rend triste, c’est que je l’ai été avec toi la semaine dernière, avec Valentina tous les matins, avec Clément pendant les trajets en train, avec Blanche à table, avec Sacha au téléphone, avec ma mère au restaurant… avec moi-même, constamment.   

Je n’arrive plus à (…), et je suppose que je suis en train de lancer le signal d’alarme, bien que ça ne veuille pas dire grande chose. 

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