Du Sud voici venir les sternes

Ça y est, l’hiver a rendu ses armes. Le printemps s’est installé, vainqueur, sur nos contrées palaisiennes. Les bernaches du Canada sont reparties au Nord, où règne le froid qu’elles affectionnent tant. Leur place désormais vaquante ne le restera pas longtemps ; déjà du Sud les sternes pierregarins remontent. Depuis l’août dernier elles hivernaient sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest, snobant les hivers européens. Mais alors que l’équinoxe approchait, l’appel du grand ciel s’est fait sentir, cet appel impérieux, qui les entraîne vers le Nord, vers cet endroit où elles sont nées et où éclora leur descendance.

Volons un peu à leurs cotés, dans ce voyage de milliers de kilomètres. Volons comme elles, pas plus grandes que des mouettes, dans les courants aériens, là où le Grand Sahara rencontre l’immense Atlantique, petites et braves face au gigantisme de la nature.

Enfin là, à portée d’ailes, c’est l’Europe aimée, leur terre natale. De l’azur elles infléchissent leur vol vers cette terre tant convoitée. Elles nicheront en colonie sur les littoraux et sur les rives des fleuves, lacs et rivières. Elles peupleront la façade de l’Atlantique, le Danube, la Loire, jusqu’à nos étangs de Saclay.

Alors se jouera un ballet des plus étranges, fait de poursuites endiablées et de numéros de voltige. Par des offrandes de poisson, les amants fortifient leur relation, montrant leur capacité à nourrir une portée. Passé l’accouplement, la femelle déposera au fond du nid conjugal entre 2 et 4 œufs, que 25 jours durant elle couvera, nourrie par son mâle. Dès l’éclosion, ce sera pour le couple un combat acharné pour rassasier ces becs piaillant et affamés. Mais heureusement pour ces parents éprouvés, cela ne durera que trois semaines. Passé ce terme, les intrépides juvéniles s’extrairont de la tutelle parentale et gagneront leur autonomie. Dès que le vol aura leur aura rendu tous ses secrets, ce sera le départ vers les lointaines chaleurs africaines. ■

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