L’histoire du journalisme à Supop’
par Maurice Mannoni (promo 2025) | Le Paraxial n°17 – 16 janvier 2024
Le Paraxial vous propose en ce début d’année son propre cadeau de Noël… une plongée dans l’histoire du journalisme étudiant de l’Institut d’Optique.
Votre journal préféré, avec ce dix-septième numéro que vous tenez dans vos mains, n’est que le petit dernier d’une longue liste ! Entre reflet de la société, cœur de la vie étudiante et recueil à blagues potaches, qu’ils s’appellent Opti’Canard, Nepravda ou 503, l’histoire des journaux à SupOp’, c’est aussi l’histoire de l’école.
Un bref historique…
Dressons un historique du journalisme étudiant à SupOp’ – ou du moins, le Paraxial tente ici de présenter un aperçu de ce qui existe dans les archives de l’école.
Le premier numéro dont nous disposons, et qui provient des archives personnelles de Jean-Louis Meyzonnette (promotion 1968), date de 1956. À l’époque, l’école s’appelle l’École Supérieure d’Optique (ESO) et le journal porte le même nom. Sur papier glacé, il est écrit par les professeurs et les étudiants. Publié une fois par an, il regroupe les informations générales de l’école et est un vrai relais entre l’Institut et les entreprises. Les sujets sont avant tout scientifiques mais s’y mêlent aussi caricatures et histoires drôles.
Dans les années 70 naît l’Opti’Canard, un journal entièrement rédigé par les étudiants. Le ton y est volontairement plus potache et devient le cœur de la vie étudiante supopticienne. Tombé peu à peu en désuétude, après une parution devenue plus que ponctuelle, ce journal disparaît au profit de la Nepravda, dont le premier numéro sort le 22 mars 1989.
Ce journal naît de la volonté du nouveau BDE de l’époque (la liste « Fesso-Laser ») de créer un journal au cœur de l’école. La Nepravda est ainsi gérée par chaque nouvelle liste BDE. Véritable pavé (chaque numéro comporte autour de 100 pages), le contenu est particulièrement disparate et parfois, cela confère plus au remplissage potache qu’à la volonté de faire un journal lisible. Cette tendance va s’accroître jusqu’à ce qu’à la fin des années 90, des journaux « pirates » se créent pour concurrencer la Nepravda. Le Necronomicon, du nom d’un ouvrage d’un savant arabe qui y décrit des monstres légendaires, commence à exister en avril 2002.
Cette période de dissension prend fin en septembre 2002 avec la fusion de ces deux journaux et la création du 503 ! Ce journal du nom du bâtiment de l’école existera jusqu’au déménagement de SupOp’ dans le bâtiment actuel de Palaiseau.
Au cœur de la vie de l’école
Quel que soit le nom du journal, les rédacteurs de ces journaux se sont toujours attachés à retranscrire la vie de l’école, et à se faire le relais pour toute la communauté supopticienne.
Le premier événement de taille retranscrit dans le journal de l’école est l’inauguration de l’Institut d’Optique à Orsay le mardi 31 janvier 1967, en la présence de Monsieur A. Peyrefitte, ministre de la Recherche Scientifique. On pouvait également noter la présence d’Alfred Kastler, Prix Nobel de Physique 1966, ainsi que celle de nombreux acteurs du monde scientifique et industriel.
À cette époque, l’école et ses promotions n’ont véritablement rien à voir avec son apparence actuelle. Ici, la liste de la promotion 1968… Une quarantaine d’élèves composée presqu’exclusivement d’hommes, avec seulement trois femmes.
Le premier numéro de la Nepravda revient sur un événement de taille dans la vie de l’école ! Le 07 février 1989 s’est tenu le premier forum étudiants-entreprises de l’École Supérieure d’Optique. 15 entreprises étaient représentées à l’école, dont Essilor. Il y avait également lors de cette journée des conférences, notamment l’une d’entre elles portaient sur les impulsions femtosecondes, domaine qui n’en était qu’à ses balbutiements à l’époque et qui vient d’être couronné du Prix Nobel en les personnes d’Anne L’Huillier et Pierre Agostini (cf. Paraxial du mois de novembre).
En mars 1994, les journalistes de la Nepravda présentent la filière CFA. À cette époque, les élèves partageaient la même première année, puis ceux qui le demandaient partaient en alternance durant les deux dernières années de la scolarité. Nous lisons ci-contre le détail des revenus des alternants…
Le rédacteur de l’édito du journal du numéro du mois de juin 1994 s’insurge contre le nouveau logo de l’école. L’administration chercher à imposer une marque visuelle à l’école… Le manque d’originalité et de modernité faisait grincer des dents, ce qui pousse la Nepravda à faire un appel aux talents de dessinateurs des élèves. Voici deux propositions de logo issues de professeurs. On y reconnaît des motifs encore présents sur les pulls de promo…
Au cœur de la vie associative de l’école
Bien que les promotions étaient de taille moindre par rapport à aujourd’hui, et que les infrastructures disponibles n’étaient pas non plus comparables avec celles que nous connaissons maintenant, la vie associative de l’école n’en était pas moins développée, bien au contraire !
Dès le premier numéro disponible dans les archives, celui de 1956, en pleine page se trouve l’annonce du Gala de l’école ! Et autant dire qu’ils ne manquaient pas d’humour pour inciter les gens à venir. Ce gala se tenait en effet un 21 janvier, de quoi faire un parallèle mordant avec la décapitation de Louis XVI, un certain 21 Janvier 1793…
Le numéro d’avril 94 revient sur le Challenge Centrale Lyon qui se tenait les 29 et 30 mars 1994. Pas moins de 60 athlètes de l’école avaient fait le déplacement pour porter haut les couleurs de l’école. Parmi les disciplines : football M, rugby F et M, basket M, tennis, équitation, badminton, tennis de table, athlétisme, escrime et volley. La réussite cette année-là fut la très belle performance de l’équipe féminine de rugby qui finit première ex-aequo avec l’équipe de Sup’Aéro, après un match nul en finale. Une belle équipe comme un signe précurseur du GOST et de l’engouement pour les sports collectifs féminins.
Le journal du mois de mai 94 comporte quant à lui une grande annonce : le lancement du CLUB MONTAGNE !
Il s’adresse à tous ceux qui trouvent Paris « désespérément plat » : en proposant cordes, baudriers, mousquetons et cartes, le club Montagne organisait des randonnées dans les Alpes fin juin.
La Nepravda du mois de septembre 1997 porte sur la renaissance du club Astro en 1997. Le club qui devait exister auparavant, puis tombé en désuétude, renaît cette année-là. En possession du club, deux paires de jumelles, un 200mm, un Newton de 115mm et un spot d’observation apparemment imparable près de Boullay-les-Troux, dans la haute vallée de la Chevreuse.
Au programme, observation de Jupiter, Saturne, de la galaxie d’Andromède mais aussi fabrication d’un spectrographe !
Parmi les succès de la joyeuse bande, l’observation de l’éclipse de lune un 3 avril, qui attira près de cinquante personnes !
Des journaux tournés vers la recherche
Perpétuant une volonté ancienne née de l’excellence scientifique de l’Institut d’Optique, le Paraxial a à cœur de tenir au courant la communauté supopticienne des avancées que connaît le monde de l’optique.
Voici quelques exemples des événements scientifiques majeurs qui ont été narrés dans les pages des différents journaux qui se sont succédé.
Nous commençons par un article publié en 1966, intitulé « À propos du Prix Nobel », en réaction au Prix Nobel d’Alfred Kastler, reçu notamment pour la découverte et le développement du pompage optique.
Cet article fut écrit par André Maréchal, directeur de l’Institut d’Optique de 1968 à 1984, bien connu des 2A+, comme étant l’auteur du fameux « critère de Maréchal ».
« L’année 1966 sera marquée d’une pierre blanche pour la physique française puisqu’après une longue attente un prix Nobel vient récompenser un ensemble de travaux d’une valeur exceptionnelle. Réjouissons-nous donc, mais essayons aussi d’en analyser la signification : cet événement important est-il bien la preuve de la réapparition de la physique française sur la scène internationale ? Pourquoi est-il venu récompenser des travaux en optique ? […]
Rappelons tout d’abord aux plus jeunes de nos lecteurs que la deuxième guerre mondiale a porté un très grave préjudice au développement scientifique de notre pays : équipes disloquées, isolement presque total, absence de moyens matériels pendant plusieurs années ont souvent fait perdre courage aux jeunes scientifiques de l’époque. Fort heureusement, les années qui suivirent leur ont permis de voyager à l’étranger et de rétablir des contacts internationaux qui leur ont redonné confiance en leur montrant de nouvelles voies de recherches et le rôle de la recherche en tant que moteur de l’activité industrielle des pays modernes. […]
Généralement peu enclins à se fixer définitivement à l’étranger, ces jeunes scientifiques se sont alors demandé à leur retour en France quelles réformes il conviendrait d’envisager pour adapter notre enseignement supérieur aux nécessités de la recherche moderne et des diverses activités scientifiques du pays. […]
L’attribution récente de Prix Nobel en biologie puis en physique est la preuve de la qualité exceptionnelle de certains travaux français : on peut dire maintenant qu’après une période d’incertitude nous avons à nouveau retrouvé le niveau international, tout au moins dans certains domaines, et c’est là pour nos jeunes chercheurs un encouragement d’une valeur exceptionnelle.
Si la valeur de notre physique est ainsi reconnue, on peut maintenant se demander pourquoi l’optique a fait l’objet d’une telle distinction. Ne devait-on pas s’attendre plutôt à voir récompenser la physique nucléaire, la physique du solide, l’électronique, … ? Disons tout d’abord qu’il s’agit en fait de travaux fondamentaux de physique atomique étudiés par voie optique ; ce n’est pas l’optique en elle-même mais plutôt son utilisation pour l’amélioration de nos connaissances de la mécanique atomique qui est à l’honneur : de nombreux phénomènes atomiques ou moléculaires ne sont en effet accessibles que par voie optique. Après une période d’éclipse où l’on a quelque peu délaissé l’étude de l’optique, voici maintenant un renouveau d’intérêt à son égard : l’invention du laser (couronnée elle aussi d’un prix Nobel) était d’ailleurs un prélude à cette réapparition et il y a lieu de penser que les informations que sont susceptibles de nous apporter les méthodes optiques sont loin d’être épuisées : l’astronomie a montré la richesse d’informations que l’on peut tirer de l’étude des ondes électromagnétiques, la physique n’en a probablement pas encore tiré tout le bénéfice.
Pour terminer, constatons que le Comité Nobel a tenu une fois de plus à récompenser un travail de caractère fondamental, travail qui a pu être mené à bien grâce à la qualité exceptionnelle d’un homme et de son équipe et qui a exigé de leur part une remarquable continuité d’effort. Loin de céder à la tentation de suivre toutes les possibilités qui s’offraient à eux, ces chercheurs ont surtout l’ambition de faire progresser l’état de nos connaissances : ils y ont réussi et sont aujourd’hui à l’honneur ; nous devons leur être reconnaissants de leur travail et remercier le Comité Nobel de son choix. »
Bien des années plus tard, la Nepravda revient sur l’une des réussites majeures des chercheurs de l’Institut d’Optique…
« Dans la nuit du 12 au 13 Février, l’équipe du Groupe Optique Atomique réussit à obtenir la première condensation de Bose- Einstein de l’Hélium.
Le groupe d’Optique Atomique du Laboratoire Charles Fabry de l’institut d’Optique, une unité mixte de recherche CNRS, dirigé par Alain Aspect et Chris Westbrook, annonce dans le numéro de Science daté du 22 mars 2001, la première obtention d’un condensat de Bose-Einstein d’hélium métastable. À peine plus d’une semaine après l’annonce de cette nouvelle, une autre équipe de chercheurs français, dirigée par Michèle Leduc et Claude Cohen-Tannoudji, travaillant au Laboratoire Kastler-Brossel de l’École Normale Supérieure, également unité mixte de recherche CNRS, a pu elle aussi observer cette condensation. Après le rubidium, le sodium, le lithium en 1995, puis l’hydrogène en 1998, c’est donc le cinquième élément pour lequel est obtenue cette nouvelle phase gazeuse de la matière, prévue par Einstein et Bose en 1920, et dont les propriétés découlent directement des principes de base de la mécanique statistique quantique.
La grande originalité de l’hélium métastable est qu’il s’agit ici d’atomes dans un état électronique très excité pouvant libérer une énergie cinquante fois plus grande par unité de masse que les carburants les plus énergétiques. Ces atomes peuvent rester stables très longtemps lorsqu’ils sont isolés, mais se désexcitent instantanément au contact d’une surface, ou d’un autre atome, libérant une énergie 100 milliards de fois plus grande que ce qui serait nécessaire pour déstabiliser le condensat. Pourtant, bien que les atomes interagissent entre eux, cette désexcitation est bloquée dans le piège magnétique utilisé pour ces expériences, car tous les atomes ont leur spin aligné dans la même direction, celle du champ magnétique.
Les physiciens de l’Institut d’Optique ont tiré parti de cette énergie stockée dans les atomes, pour détecter les atomes un par un. Ceci leur a permis d’observer le phénomène de condensat sans ambiguïté avec un échantillon de quelques milliers d’atomes seulement. Ils pensent que cette nouvelle méthode de détection leur permettra également de réaliser des expériences d’optique quantique atomique, équivalent pour les atomes de l’optique quantique des photons (rappelons que cette discipline a conduit à des réalisations aussi utiles que les lasers et télécommunications par fibre optique, et qu’elle donne toujours leu à des recherches futuristes, par exemple sur l’information quantique). »
La vie de l’école comme reflet de la société
Les événements qui ont traversé l’histoire ont également pu avoir une résonance au sein de l’école. Ainsi, le numéro de l’année 1968 comporte une mise au point rédigée par le directeur de l’Institut d’Optique en réaction à l’explosion étudiante qu’a connue Paris au cours du mois de mai de cette même année.
Le directeur annonce la création d’un comité au sein de l’école, composé de cinq professeurs et de cinq élèves, pour permettre une meilleure communication et coordination des sujets essentiels pour l’école.
Le directeur constate une faillite des cours magistraux qui n’attirent pas les élèves et souhaitent trouver un moyen de faire plus de physique d’une manière plus intéressante.
Les mots d’ordre du directeur sont dialogue et participation. Il souhaite avant tout plus de responsabilité de l’élève vis-à-vis de l’enseignement.
Cette restructuration s’accompagne d’un nouveau souffle pour l’association des Anciens : un fond de soutien est créé pour contribuer au financement des stages des élèves. Le directeur souligne également sa volonté de développer les voyages d’étude au Québec et aux États-Unis.
Petites surprises…
Plus insolite, voici un texte littéraire écrit par un certain Riad… Si l’enquête ne peut attester l’identité complète de son auteur, il est presque certain que cet article publié en 1998 fut écrit par Riad Haidar, ancien directeur général adjoint à l’enseignement de l’IOGS alors élève en deuxième année…
« L’Opéra. Verdi.
J’étais là. J’étais seul – mais pas vraiment dans le fond, car je ne me sentais pas seul. Même j’avais une compagne : j’écoutais la musique parler, je l’écoutais discourir avec mon corps, lui jurer l’éternité, lui promettre de ne point mentir… Aussi je m’écoutais l’aimer. Je m’entendais lui répondre. Mais je ne montrais pas assez mon amour je crois, car à un moment :
« Qu’as-tu ? me dit-elle. Qu’as-tu ?
Ignores-tu ‘je vis’, ignores-tu ‘pour toi’ ? »
Un jeu de notes plus marqué que les autres me fit sursauter. J’eus un geste du buste, comme un rebond sur le rythme. La fièvre aussi, sur mes lèvres, contre mes tempes. Puis ce fut à nouveau le silence, l’accalmie : la musique se tut, elle s’éteignit. Bien sûr je ne l’entendais plus, bien sûr elle était partie. Pourtant elle vivait, pourtant elle vibrait toujours, il en restait un écho en moi. Et moi, moi, j’en tremblais encore.
Et elle : « Qu’as-tu ? »
Je ne répondis rien. J’écoutais. J’écoutais, subjugué par sa présence, hypnotisé par sa vérité, exalté plutôt. Mais meurtri aussi, jaloux au plus profond de moi : car je n’étais pas comme elle, je n’étais pas qu’harmonie, voyez-vous. J’étais différent, j’étais autre, alors même qu’à cet instant je désirais par-dessus tout lui ressembler.
Soudain, le musicien se pencha sur sa lyre, li lui arracha un cri, il fit gémir son violon, chanter sa guitare. Je le vis taper sur les touches, arracher les notes, je le vis faire pleurer son piano… et cependant c’était moi qui sanglotais. Et puis alors encore, un mot, un cri, une note, un papillon posé sur l’air. Et puis alors encore, une intrusion dans mon âme, une mainmise sur mes sens, une caresse sur mon cou. Et puis alors encore, je ne pouvais plus rien dire. Je ne pouvais plus rien faire… La musique m’enlevait, elle m’emportait et je bougeais les mains, et je tremblais des doigts.
Et de nouveau, ce cri :
« Ignores-tu ‘je vis’, ignores-tu ‘pour toi’ ? »
Je me retrouvai à genoux. Moi tout entier effondré sur ce ‘je vis,’ sur ce ‘pour toi’. Et cette montée, cette terreur dans les notes, le jeu du violoniste, son bras bizarrement accroché à l’instrument, moi là écoutant, buvant ses gestes. La musique, cet empressement à mourir, cet empressement à ne plus être, que je ne comprenais pas. La note s’envolant, fugitive, s’élançant dans l’air, impatiente de vivre sous les doigts du musicien, impatiente de dire même si c’était pour la dernière fois, hâtive d’être même s’il fallait partir après – pour enfin « Ignores-tu ‘je vis’, ignores-tu ‘pour toi’ ? ».
Ta-ta ! Vers le ciel. Ta-ta ! Encore… Et decrescendo ta-ta.
Je n’en pouvais plus. Cependant je ne voulais pas qu’elle le sût. Et je me reculais dans l’ombre, je m’effaçais dans le noir. Alors, tout comme elle ne pouvait pas me voir, moi je ne l’apercevais plus. Mais qu’importait ! Je l’entendais encore, je l’écoutais toujours. Je la savais là. Pour la regarder, je n’avais qu’à tendre le cou. Qu’à basculer le buste. J’étais tout puissant. Tout puissant…
« …mais à ma merci. »
Qu’avait-elle dit ?
Je me penchais de nouveau, je la regardais de nouveau, presque en colère de savoir qu’elle m’avait deviné. Je voulus… mais elle, encore, mais elle comme une amante qui ne se sentait plus reconnue de celui qui disait l’aimer, elle comme avant :
« Qu’as-tu ? me dit-elle. Qu’as-tu ?
Ignores-tu ‘je vis’, ignores-tu ‘pour toi’ ? »