Le Louvre sous un œil de SupOpticien
par Roxane Le Mintier (promo 2026) | Le Paraxial n°22 – 2 septembre 2024
Vous en avez assez de toujours entendre parler de physique, d’optique et de quantique ? Vous aimeriez vous aérer l’esprit avec autre chose, changer d’univers ? Eh bien, c’est possible ! Pour ça, voici un petit retour de notre visite au musée du Louvre en mai dernier…
Nous avons organisé cette visite en collaboration avec Laurence Tardy, professeure à l’École du Louvre que certains ont rencontrée lors de la semaine spécifique à Saint-Étienne “Lumière, couleur et patrimoine”. Membre du Centre Français de la Couleur et amie de Matthieu Hébert, professeur de colorimétrie, elle nous a guidés dans les couloirs des peintures françaises et flamandes, nous gratifiant de ses connaissances. Et parce que nous sommes quand même à l’Institut d’Optique, Laurence ne manquait pas une occasion de nous commenter la manière dont l’exposition à la lumière artificielle influence la perception des couleurs et le rendu des différentes techniques picturales. Nous retenons que regarder les œuvres à la bougie, c’est la meilleure manière de les apprécier !
La visite commence par l’aile Richelieu et juste après avoir monté les escaliers et traversé un couloir nous voilà face à un immense tableau, qui frappe par son éblouissant fond d’or : Le martyre de saint Denis, d’Henri Bellechose. Laurence nous fait remarquer les “carrés” de feuilles d’or que nous parvenons à distinguer et le contraste avec la couleur bleue des vêtements religieux. Sans oublier de mentionner le contraste avec la couleur verte de l’habit du bourreau, symboliquement connue comme la couleur de la trahison. Chaque détail compte !
Nous découvrons aussi, dans un petit couloir peu éclairé, deux portraits de François Ier par Jean Clouet. Même peintre, même modèle et pourtant deux peintures si différentes ! D’un côté François Ier en habits royaux, et de l’autre François Ier en saint Jean Baptiste, portant une brebis et une croix. Rien à voir ! (Ou presque)
Pour terminer notre exploration des peintures flamandes, nous passons par le tryptique Braque de Van der Weyden : une belle représentation sur trois panneaux de saint Jean, du Christ entouré de la Vierge et saint Jean et de sainte Marie Madeleine, reconnaissable au vase de parfum qu’elle tient et à la délicate larme qui coule sur sa joue, à laquelle nous n’aurions sûrement pas fait attention sans l’œil expert de Laurence. Enfin, nous terminons la visite par des objets d’art, anciens bijoux, jeux d’échec et vaisselles en cuivre.
Vous voyez donc, à l’IOGS c’est possible de voir autre chose que des instruments d’optique. Ou plutôt, c’est possible de les mettre au service de notre patrimoine et héritage artistique, parce que pour analyser les œuvres avant de les restaurer, elles sont étudiées à travers des interféromètres (oui oui, avec un Michelson 😉 ), des accélérateurs de particules, des bancs optiques… et l’IOGS nous offre pour ça une excellente formation ! Nous pouvons aussi mettre nos connaissances d’optique à contribution mais différemment, en expliquant les phénomènes optiques peints dans bon nombre de tableaux ! Le port de mer au soleil couchant serait une bonne occasion de parler de la diffusion de la lumière, par exemple…
Alors à ceux qui veulent renouer avec une sensibilité artistique peut être un peu perdue après la prépa, ou simplement pour changer des cours de physique purs et durs, rendez-vous au Louvre ! ■