Le monde industriel et le monde des actionnaires sont-ils compatibles ?
par Ivan Cassabois (promo 2023) | Le Paraxial n°3 – 9 mai 2022
Nous vivons dans un monde où le profit est devenu le maître mot. Notre croissance, notre économie ainsi que notre vision du travail ne tournent que autour du gain, les moindres actions qui nous mènent à la perte sont jugées et sont dès lors source de critique. Notre culture du succès est telle que l’on ferait tout pour y parvenir. La croissance d’une entreprise est donc fortement liée à son succès ainsi qu’à ses profits, nous ne pouvons dissocier l’un de l’autre. Les profits augmentent donc en même temps que l’entreprise gagne en chiffre d’affaires. Passé un certain point, la croissance de l’entreprise et donc du profit ne suffit plus aux actionnaires, dès lors des coupes budgétaires ont lieu et cela ne sied guère à l’ensemble de l’entreprise. Vient la question suivante l’évolution financière d’une entreprise s’accorde-t-elle avec un essor de compassion humaniste ?
Karl Marx a dit un jour :
« Moins vous êtes, plus vous avez… Ainsi, toutes les passions et toutes les activités sont englouties dans la cupidité. »
L’idée qui en découle provient du fait que la richesse ne vous apporte que du malheur et ne vous renferme que sur vous-même. Par la suite, mes propos s’inspirent du film Un Autre Monde de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon.
Le monde industriel est un monde où le profit prime sur l’humain. Les postes les plus cruciaux au sein d’une chaîne de production font souvent l’objet de licenciement suite à la demande des actionnaires. Dans une entreprise chaque poste a son rôle qui possède un dessein particulier, il faut donc que chacun puisse remplir son rôle afin de permettre à l’entreprise de bien fonctionner. On ne peut point supprimer un poste sans que cela ait une répercussion directe sur la chaîne de production et sur le bon fonctionnement de l’entreprise. Or dans le contexte actuel où le marché instaure une compétition continue entre les différents fabricants, il est donc nécessaire que les entreprises soient constamment en alerte des nouveaux produits développés à l’international. Les entreprises en quête de profit ont alors tout intérêt à trouver les meilleurs méthodes de production au coût le plus faible possible afin de maximiser les ventes. Or ce coût de fabrication ne peut franchir un certain point qui dépasse les limites humaines. Le mythe de la croissance éternelle se heurte dès lors aux limites humaines.
L’idéal et le but recherché par les chefs d’entreprises est de constamment augmenter son chiffre d’affaires au cours des années, dès lors que l’entreprise ne peut plus satisfaire cette demande les actionnaires exigent des contreparties. La croissance ne peut pas éternellement croître car mathématiquement ce phénomène ne peut point être pérenne. Comme on peut le voir dans le film un Autre Monde, le chef d’entreprise est soumis à un plan économique où il doit licencier 50 employés alors que cela fait 5 ans que les actionnaires demandent toujours plus et où l’entreprise se plie à leurs souhaits. Or à partir d’un certain point, le patron ne peut plus tout simplement licencier des personnes qui sont essentielles au travail fait dans cette usine. Le problème se situe donc dans l’avarice des actionnaires et dans leur caprice, on peut également soulever le problème du manque d’humanisme au sein de ces grands groupes où chaque personne n’est pas considérée en tant que telle mais plutôt en tant que personne bonne à effectuer son travail. Dans le film on peut voir le patron incarné par Vincent Lindon est dans l’incapacité de virer la moindre des personnes car il en revient à sa condition d’être humain qui ne peut tout simplement pas accepter la condition que lui fixe ses supérieurs.
Il en découle donc la conclusion suivante comment peut-on concilier les demandes des actionnaires et le bien-être de ses employés ?
Cette demande est très exigeante et nécessite que les actionnaires modèrent leurs demandes afin que les employé-ée-s puissent répondre à ces besoins. La croissance du chiffre d’affaires ne se fait pas en peu de temps mais demande des efforts et de la rigueur. Si les exigences ne sont pas amoindries le destin de l’entreprise n’est d’autre que la faillite où l’exploitation des employé-ée-s la mènera forcément à sa perte. Ou si le modèle de l’entreprise apporte du profit, l’entreprise dans sa cupidité pourra tout simplement remplacer les travailleurs une fois que ces derniers seront éreintés. La cupidité de l’être humain la mènera à l’exploitation de ces paires, il va sans denier que l’argent a toujours motivé les plus sombres désirs de l’humanité et que l’on perd toute morale dès lors que nous sommes prêts à tout faire pour le profit. ■