Le rôle du directeur de photographie
par Aliochka Durand (promo 2023) | Le Paraxial n°1 – 1 mars 2022
Métier de l’ombre et pourtant de plus en plus reconnu par le grand public, le directeur de la photographie, aussi appelé chef-opérateur, est au cœur du processus de création dans le cinéma. Chef de l’équipe caméra et de l’équipe lumière, il réfléchit à la meilleure façon d’accorder volonté esthétique et réalisabilité technique.
À l’aube du cinéma, le directeur de la photographie était aussi réalisateur. Désormais, il en est son plus proche collaborateur. La liberté accordée au directeur de la photographie est variable et certains noms ont trouvé une renommée dans la touche apportée qui leur est propre. Ainsi, des filmographies cultes comme celles de Stanley Kubrick ne peuvent être réellement étudiées sans garder à l’esprit les multiples collaborations avec John Alcott – directeur de la photographie qui mis en œuvre un système permettant de filmer les scènes d’intérieur de Barry Lyndon à la bougie.
Le travail de recherche effectué par un directeur de la photographie est particulièrement considéré par les réalisateurs. Certains sont devenus très demandés pour apporter leur touche devenue unique à un film. C’est ainsi que le chef-opérateur du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain fut aussi celui du troisième volet de la saga Harry Potter. La carrière d’un directeur de la photographie s’étudie donc autant pour une collaboration suivie avec un cinéaste que pour sa touche qui transcende un regroupement d’œuvres. Par exemple, Néstor Almendros, dont le travail est immédiatement reconnaissable, a accompagné sur plusieurs films Éric Rohmer, François Truffaut et Barbet Schrœder mais aussi Terrence Malick pour Les Moissons du ciel qui lui rapporta l’Oscar de la meilleure photographie en 1978 – la captation des basses lumières du soir avec leur reprise sur les tons diurnes est encore aujourd’hui étudiée pour sa maestria.
Le cinéma évoluant en grande partie par sa technique, le directeur de la photographie développe sans cesse son art et surtout sa compréhension de la lumière car, comme le rappelle Vittorio Storaro, directeur de la photographie d’entre autres Apocalypse Now : “Le cinéma est le langage des images qui sont créées par la lumière, et l’absence de lumière, l’ombre.” ■