Football, gaz et planète bleue 

La Coupe du Monde de Football au Qatar devrait se dérouler du 20 novembre au 18 décembre 2022. Le boycott n’aura pas lieu ! Le constat est implacable. 

Toutes les stars mondiales du football à la quête de la coupe consacrée se retrouveront dans cette péninsule, grande comme une fois et demie la Corse. Heureusement, les températures de Doha y seront douces, entre 18 et 24°C en décembre, ainsi les climatisations des stades et des rues de la ville ne seront peut-être pas allumées ! Et puis, face à la pénurie de gaz engendrée par le conflit Ukraine-Russie, le gaz naturel liquéfié dont le Qatar est le premier exportateur mondial voguera sur toutes les mers pour rejoindre les grands ports méthaniers d’Europe occidentale. Nous aurons moins froid cet hiver. 

Et pourtant, les médias nous ont rappelé les raisons de s’opposer à cette compétition : discrimination, répression, exploitation, impact écologique désastreux. À titre d’exemple, plus de 6500 travailleurs migrants originaires d’Asie (Inde, Pakistan, Bengladesh…) sont morts au Qatar sur les chantiers de construction des infrastructures. 

Et pourtant, des organisations non gouvernementales, à l’instar d’Amnesty International, alertent depuis des années et œuvrent sur le terrain, notamment auprès des travailleurs migrants et des familles endeuillées, pour défendre leurs droits. Leur stratégie de plaidoyer consiste maintenant à mettre la pression sur les sponsors de la compétition (Adidas, Coca-Cola, McDonalds) afin de créer un fonds d’indemnisation1

Et pourtant, depuis quelques semaines en France, des personnalités appellent au boycott : d’anciens footballeurs, des artistes, des chercheurs, des religieux, des dirigeants politiques étiquetés à gauche. De nombreuses villes semblent suivre le pas, en annonçant qu’elles n’installeront pas d’écrans géants pour suivre les matchs2 : à la mi-octobre, on comptait parmi elles Paris, Lyon, Marseille, Reims, Nancy, Lille ou encore Rennes et Brest. À vrai dire, regarder un match de football à 20h00 sur écran géant, en extérieur, au mois de décembre en France, il faut quand même aimer, même si l’ambiance peut être chaude ! 

Le constat est amer : ces campagnes de communication sincères, opportunistes ou hypocrites ne changeront rien, la coupe du monde aura bien lieu. Ce n’est pas surprenant car l’argent règne en maître du jeu géopolitique depuis l’avènement du capitalisme et bien sûr du football. Les revenus de la FIFA, qui organise les coupes du monde, sont supérieurs au PIB de nombreux pays africains. L’impact d’une coupe du monde est considérable pour les organisateurs, les vainqueurs et les sponsors, tant en termes financiers que d’image. Pourquoi gâcher de telles mannes ? 

Les contingences financières règneront donc toujours sur notre planète bleue ! Et si l’on souhaite agir à son échelle, que peut-on faire ? L’école d’ingénieur·es Agro ParisTech, située sur le Plateau de Saclay, propose de récréer le tournoi à l’échelle étudiante – et locale ! 

Une chose est certaine : cette situation me rappelle, à nouveau, de revenir à l’essentiel, dans mon quotidien. Revenir à la sobriété intelligente, à ne consommer que ce dont j’ai strictement besoin et non ce que la mode, le mimétisme ou l’envie pourrait m’inciter à acheter. 

Notre planète bleue dispose de ressources finies, sans jeu de mots, mais bien déjà avec les maux. Alors réfléchissons toujours plus avant d’acheter, de consommer, d’agir, retrouvons la sobriété ! La planète bleue et l’Humanité qu’elle soutient ne sera que plus belle ! ■

  1. Les Echos, 3 octobre 2022 ↩︎
  2. Libération, 5 octobre 2022 ↩︎
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