Prix Nobel de Physique 2022 Alain sous tous ses Aspect
par Agathe Chirier (promo 2023) | Le Paraxial n°6 – 9 novembre 2022
Nous sommes le 4 octobre 2022 : l’Académie royale des Sciences de Suède dévoile officiellement les noms des trois lauréats du prix Nobel de Physique. Parmi eux, un résonne tout particulièrement dans l’enceinte des murs de l’IOGS. Le temps se fige, les cours s’arrêtent, et l’on observe une minute de silence pendant laquelle tous, étudiant comme professeurs, s’arment de leur smartphone pour attester la véracité de la nouvelle. La sentence tombe, ce n’est pas un canular : Alain Aspect a remporté le prix Nobel.
À ses côtés, deux autres pointures non moins légendaires de la physique quantique : l’Américain John Clauser et l’Autrichien Anton Zeilinger.
Alain Aspect, la légende
Pour comprendre la légende d’Alain Aspect, revenons quelques années en arrière. Nous sommes en septembre 2020, en plein âge d’or de la Covid-19. La promotion 2023 fait son entrée dans les murs de l’École. Au milieu du tourbillon d’informations émanant de l’estrade de l’auditorium, une phrase en particulier résonne jusque dans les gradins : « N’oubliez pas de porter un masque ! Il y a un éminent scientifique dans le labo, il pourrait remporter le prix Nobel. » Alain Aspect, dont le nom était alors encore inconnu de bon nombre d’étudiant·e·s, se fraye un chemin dans nos esprits et devient peu à peu la légende qu’il est aujourd’hui. Légende qui, chaque année, se perpétue à travers les nouvelles promotions d’ingénieur·e·s.
Une légende ? Oui ! Et pas seulement pour sa célèbre moustache. Né le 15 juin 1947 à Agen de parents instituteurs, Alain Aspect effectue ses études à l’ENSET (École Normale Supérieure des Enseignements Techniques) à Cachan, qui correspond aujourd’hui à l’ENS Paris-Saclay. Il poursuit ensuite ses études à l’Université de Paris et passe l’agrégation de physique. Il effectue sa thèse de troisième cycle à l’Institut d’Optique et enseigne quelques années à l’École Normale Supérieure de Yaoundé, au Cameroun, puis revient en France pour passer sa thèse d’état – la plus haute qualification universitaire en France.
S’il est avant tout chercheur, Alain Aspect enseigne également à l’École Polytechnique et à l’ENS Paris-Saclay. En tant qu’étudiant·e·s à l’Institut d’Optique, vous avez, ou aurez peut-être l’occasion d’entendre son accent chantant lors des cours d’interaction lumière-matière en deuxième année sur le site de Palaiseau.
De 1980 à 1982, notamment à partir des travaux de John Clauser, il mène avec son équipe trois expériences portant sur l’intrication quantique, expériences qui conduiront à contredire les inégalités de Bell. Ce sont ces mêmes expériences qui, quarante ans plus tard, lui vaudront de remporter l’éminent prix Nobel de physique.
Ses travaux de recherche avaient déjà été récompensés de nombreuses fois par le passé : il détient le prix Holweck (1991), la médaille d’or du CNRS (2005), le prix Wolf (2012), la médaille Albert-Einstein (2012), la médaille Niels Bohr (2013).
Cette phrase désormais iconique, Alain Aspect l’a prononcée le 4 octobre 2022, lors de son discours dans l’auditorium du site de Palaiseau à l’occasion de la révélation du prix Nobel.